Une enfance conformée aux attentes de mes proches
Enfant, je n’avais pas le droit de pleurer. Mon père ne supportait pas les gémissements, pleurnicheries, caprices ou autres jérémiades. Sans être physiquement violent, il faisait régner un climat autoritaire tel, qu’il suffisait qu’il entre dans une pièce pour que mon frère et moi arrêtions toute forme de chamaillerie. Personne ne m’avait appris à apprivoiser mes émotions.
Même si je m’autorisais à me plaindre, à pleurer ou à crier en présence de ma mère, dès que mon père arrivait, j’essuyais mes larmes, je ravalais mes sanglots.
Je ressentais évidemment des émotions, et même plutôt très fortement, alors, pour me protéger, pour supporter cette obligation de faire bonne figure, j’ai appris à me détacher de mes ressentis, à nier mes émotions et à afficher un éternel optimisme de façade. Je bouillonnais à l’intérieur, je criais ma rage intérieurement, je me cachais pour pleurer, je feignais l’indifférence, j’affichais un courage à toute épreuve même si je n’en menais pas large. Et pour les émotions joyeuses, je devenais blasée, très peu démonstrative même si j’avais des paillettes dans les yeux.
Moi, petite fille rayonnante et pleine de malice, je me suis renfermée, je suis devenue pastel. Je me suis conformée à ce qu’on attendait de moi ou en tout cas à ce que je pensais que mes parents souhaitaient de moi.
Cette stratégie de survie, je l’ai ensuite appliquée à tous mes domaines de vie et ai répondu idéalement aux attentes de mes enseignants, de mes entraîneurs, de mes employeurs, allant même jusqu’à les devancer sans qu’on ne m’ait rien demandé.
Mais, faute de savoir accueillir mes émotions, quand elles me submergeaient, j’étais bien incapable de m’en dépatouiller. Au moindre désaccord, mécontentement ou épreuve que je rencontrais, la seule solution que j’avais trouvée était la fuite, j’étais alors très loin de savoir apprivoiser mes émotions.
Par exemple, quand j’ai ressenti un malaise avec mon premier petit ami, je l’ai quitté ; quand j’ai été en conflit avec mon entraîneur, j’ai arrêté la natation ; quand j’ai été en désaccord avec le directeur d’un job d’été, j’ai rompu ma période d’essai ; quand j’ai vécu un différend dans mon premier boulot, j’ai démissionné. Des solutions plutôt radicales pour des situations somme toute ordinaires.
Certes, j’aime le changement, mais en y réfléchissant, j’ai réalisé que je choisissais de fuir devant l’adversité, quand je me sentais envahie par les émotions, vulnérable, incompétente, trahie, meurtrie, incomprise et que je ne trouvais pas de solution constructive pour affronter ces situations, comprendre et accepter pleinement mes émotions.
Proche de 50 ans, je me rappelle enfin à moi-même
C’est à l’aube de mes 50 ans, que deux événements sont venus rebattre les cartes.
Tout d’abord, le suicide de mon frère pour lequel j’avais d’abord réagi en disant que je n’irai pas à la sépulture en raison de la distance, du boulot et de la complication en plein deuxième confinement. Autant d’excuses qui me permettaient de fuir. C’est en me connectant à moi-même, en apprivoisant mes émotions justement que j’ai décidé d’y aller et même, de rédiger son oraison funèbre. Et, alors que je pensais n’être pas littéraire, j’ai réussi à rédiger un hommage sincère et vibrant et j’ai ainsi pu vivre mon deuil en partageant avec mes proches des souvenirs heureux de lui.
Ensuite, mon entretien annuel professionnel presqu’un an plus tard, pendant lequel j’ai essuyé un tir nourri de remarques, reproches, différences de points de vue, qui m’ont fait prendre conscience de ce que je me refusais à voir depuis des mois : je n’étais plus à ma place, plus en accord avec les valeurs nouvellement distillées dans mon entreprise. Je me suis alors reconnectée à mes propres valeurs pour prendre la décision de quitter mon job et de me créer une nouvelle vie sur-mesure.
Mon expérience personnelle illustre ce que beaucoup de personnes vivent ou ont vécu. Avons-nous appris à nous connecter à nos émotions pour y déceler un message moteur pour notre bien-être ? Enfant, quand nous étions en colère, nos parents nous demandaient-ils ce que nous voulions vraiment, nous conseillaient-ils de regarder en nous? Ou nous envoyaient-ils plutôt nous calmer dans notre chambre?
Apprendre à décrypter ses émotions pour les apprivoiser
En fonction de notre environnement affectif et émotif, nous avons plus ou moins développé des stratégies pour nous permettre de supporter des émotions dont la sensation était désagréable et faire face à des situations émotionnellement déroutantes. Nous avons, par exemple, compris qu’il valait mieux ne pas pleurer au risque d’être traité de faible, qu’il valait mieux répondre, voire devancer la demande des autres, au risque de ne pas être aimé, qu’il était préférable de suivre l’avis dominant, dans le but de ne pas être écarté.
Jusqu’à quand acceptons-nous de jouer ce rôle que nous nous sommes octroyé. Faut-il attendre un événement douloureux comme un burnout, une maladie, une séparation, un décès, le départ de ses enfants pour les études pour prendre enfin la décision de trouver ou retrouver notre juste place ?
Quoi qu’il arrive, quels que soient les masques que nous portons, nous sommes nous-même. Nous jouons certes des rôles, mais ces rôles, nous ne les jouons que parce que nous nous y sommes autorisés, que nous avons choisi de les emprunter, pour des raisons qui nous appartiennent, parce qu’ils nous ont permis de supporter des situations difficiles.
Apprivoiser ses émotions et les mettre au service de notre authenticité. Apprenons à décrypter nos émotions comme on apprend une langue étrangère afin d’en puiser toute la substantifique moelle.
Si, tout comme je l’étais, vous êtes une personne qui ne s’écoute pas et se met au service quasi exclusif des autres, vous avez probablement également étouffé vos émotions. Vous fonctionnez comme une cocotte-minute : vous emmagasinez vos émotions désagréables au fur et à mesure que vous les ressentez, jusqu’à ce que la soupape déborde, avec pour conséquence une réaction souvent disproportionnée face à la situation prise isolément mais qui catalyse l’explosion de toutes les émotions et la rage accumulées.
Il y aura souvent beaucoup de colère chez vous car elle dévoile qu’il y a une limite de franchie et/ou une valeur piétinée, et effectivement vous faites souvent passer vos valeurs au second plan, vous ne vous respectez pas suffisamment.
Il sera alors nécessaire de passer par un apprentissage du ressenti physique des émotions puis par un décodage de ce que révèlent ces émotions pour y puiser ainsi une source de développement.
Comme l’apprentissage d’une langue étrangère à l’âge adulte, il est faux de croire que ce n’est plus possible d’apprendre à exploiter ses émotions, passé douze-treize ans. Cet apprentissage pourra en effet s’appuyer sur plus d’expériences, une faculté de concentration accrue et une motivation importante.
Etymologiquement, le mot « émotion » vient du latin ex (hors de) et movere (mettre en mouvement), c’est-à-dire un mouvement provoqué par un stimulus extérieur et, contrairement au sentiment qui s’installe, l’émotion est brève. Il existe tout un panel d’émotions, certaines désagréables à ressentir (la colère, la tristesse, la déception, la honte, l’indécision, le désespoir…), d’autres plus agréables (la joie, l’excitation, la paix, la fierté, la sérénité…) et toutes ces émotions font partie de la vie. Nous avons tendance à rechercher les émotions positives et nous évitons de toutes nos forces les émotions négatives. Or toutes les émotions sont un signal qui nous aide à mieux nous connaître, à réagir au mieux des situations. Elles nous donnent l’occasion de progresser, persévérer, corriger, réparer ou de savourer, apprécier, réitérer.
Il s’agira, dans un premier temps, de trouver le message de changement contenu dans l’émotion ressentie, en ayant conscience que l’émotion est un messager. Il est en effet important de prendre conscience que :
- La peur indique le besoin de se mettre à l’abri, de se rassurer, de se défendre face à un danger réel ou ressenti.
- La colère révèle le besoin de réparer un tort, de rétablir une justice, de respecter une valeur et permet de dire non quand on se sent attaqué dans son identité.
- La tristesse démontre le besoin de réconfort suite à une perte, un deuil pour laisser la place au renouveau.
- La joie exprime le besoin de partager, d’exulter, d’extérioriser une énergie positive.
Dans un second temps, il sera nécessaire de passer de victime à acteur, d’abandonner les excuses et de se mette en action :
- Se préparer pour faire face à une situation future, bâtir un plan d’actions.
- Repérer les limites franchies et les exprimer pour les faire respecter.
- Se tourner vers soi pour aller vers l’acceptation de la réalité et se retrouver, se reconstruire.
Cette reconnexion à nos émotions va ainsi nous permettre d’exprimer nos besoins, de trouver des clés et réponses aux situations rencontrées. C’est un cheminement passionnant qui nous réserve de nombreuses surprises vers la connaissance de nous-mêmes. Je suis Caroline Lévêque et je propose des accompagnements personnalisés pour femmes, découvrez sans tarder les différentes offres de coaching que je propose aux femmes qui souhaitent se remettre en priorité dans leur vie personnelle et professionnelle.